- v'la
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• 1538; ves la 1283; de vez, voi, impér. (ou thème verbal) de voir, et là REM. Voilà, classé parmi les prép., a, en fait, une valeur de verbe. Présente une personne ou une chose, plus particulièrement quand elle est relativement éloignée, vient d'être exprimée. ⇒ voici. — On rencontre souvent [ vla ] (écrit v'la) dans la langue orale.1 ♦ Présentant une chose ou une personne. ⇒ là (c'est, ce sont là). — REM. L'opposition classique entre voici et voilà (proche et éloigné) n'est plus guère respectée; la langue cour. emploie voilà dans tous les cas. — « Tiens, dit-elle en ouvrant les rideaux. Les voilà ! » (Hugo). « Voilà le maquereau, mesdames ! » (Proust). Voilà un brave homme. Voilà de l'argent. Voilà pour vous. — (Après un pron. pers.) Le voilà, c'est lui. « Ah ! vous voilà, bandit ! — Oui, cousin, me voilà » (Hugo). Loc. Coucou, le voilà ! — Voilà notre ami qui vient, qui arrive (avec le sens de voici).♢ EN VOILÀ : voilà de ceci. Vous en voulez ? En voilà. En voilà pour dix francs. Loc. adv. En veux-tu en voilà : beaucoup, tant qu'on en veut. Il met de l'argent en veux-tu en voilà. Un libertin, « des maîtresses en veux-tu en voilà » (Aragon). — Exclamatif pour mettre en relief En voilà, un imbécile ! « En voilà une blague, la politique » (Zola) . « En voilà trois qui ont un fameux poil dans la main ! » (Zola). — Pop. « En voilà une de femme ! » (Balzac).♢ QUE VOILÀ. « Toi que voilà » (Verlaine). « La belle que voilà » (chanson). — Exclamatif « Que voilà donc du sens commun » (Siegfried),comme voilà.♢ Ellipt Voilà ! interjection qui répond à un appel, à une demande... Garçon, un demi ! Voilà, voilà... j'arrive ! attendez un instant.2 ♦ Présentant les choses dont il vient d'être question dans le discours (opposé à voici). Voilà toutes les informations dont nous disposons pour le moment. « valeur, magnanimité, bonté [...] voilà pour le cœur; vivacité, pénétration [...] voilà pour l'esprit » (Bossuet). « Après m'avoir sauvé, [...] il s'est sacrifié. Voilà l'homme » (Hugo),il est ainsi. « Voilà [...] ce qui fait que votre fille est muette » (Molière). Voilà comme on écrit l'histoire (I, 3o). Voilà ce que c'est que de (et inf.),telles en sont les conséquences. Voilà le hic. — Voilà tout; et voilà tout. ⇒ tout. — En voilà assez : cela suffit, je n'en supporterai pas davantage. — (Employé seul) Voilà, et voilà, sert à clore une déclaration. — (Construit avec qui, en valeur neutre) Voilà qui est louche. Voilà qui est bien, c'est bien.♢ Avec une valeur exclamative C'est (ce sont) bien..., c'est vraiment. Voilà bien les hommes. — Absolt Ah ! voilà ! c'était donc ça (cf. Vous m'en direz tant !).3 ♦ S'emploie pour présenter un substantif, un pronom caractérisé (par un adjectif, un participe, une proposition) Vous voilà content : vous êtes content, à présent, maintenant. La voilà partie : enfin, elle est partie ! « Vous voilà bien embarrassés tous deux » (Molière). « Le voilà se costumant » (Goncourt). Nous voilà bien ! Nous voilà frais !... « Comme te voilà grande, Camille ! » (Musset),comme tu es grande, maintenant. — « Le voilà qui prend tout à coup le mors aux dents » (Diderot). — (En corrélation avec un adv. ou une circonstance de temps) Comme, tandis que..., voilà... « À peine suis-je dans la rue, voilà un violent orage qui éclate » (A. Daudet).♢ (Avec un compl. de lieu) Nous voilà dans la place; nous y voilà. — Fig. Nous y voilà : nous abordons enfin le problème, la question. « Je n'ai pu me défendre de t'aimer. — Nous y voilà » (Marivaux).4 ♦ (Suivi d'une complétive) Pour présenter une circonstance nouvelle. Soudain, voilà que l'orage éclate, qu'éclate l'orage. « Mais voilà que la belle route [...] n'est plus qu'une ornière affreuse » (Maupassant). « Un soir de pluie v'là qu'on gratte à ma porte » (Brassens). Voilà comme, comment, pourquoi. — Fig. Voilà où je veux en venir.5 ♦ Vx Ne voilà pas, voilà pas, s'employait pour exprimer la surprise. « Hé bien ! Ne voilà pas encore de son style ? » (Molière). — Mod. (fam. ou région.) Voilà-t-il pas (et pop. voilà-ti-pas, v'là-ti-pas) que... « Voilà-t-il pas que les Russes brûlent leur ville ! » (Balzac). « Mais ne voilà-t-il pas, patatras, qu'un jour, tout s'écroula ! » (Perec).6 ♦ (Explétif) Pour présenter ou souligner un argument, une objection. C'était simple, « seulement voilà, il suffisait d'y penser » (Anouilh).7 ♦ Il y a (telle durée). « Elle a décampé voilà quinze jours » (Martin du Gard). « Voilà trois mois que je lis exclusivement de la métaphysique » (Flaubert),j'en lis depuis trois mois. « Voilà dix ans que je n'ai vu le soleil » (Flaubert).
Encyclopédie Universelle. 2012.